Voici venue cette date spéciale de fin d’année. Partout la même pour tout le monde, et donc pour personne en particulier, car c’est un temps obligé. Et un temps oublié ? Comme l’est à ce moment-là la spontanéité d’un geste souhaitant donner, ou ne le souhaitant pas. Mais celui qui reçoit se doit d’être à la hauteur de ce qui est donné. Plus précieuse est la chose offerte, plus généreux devant être le geste en retour. Aujourd’hui en guise de présent, ils m’ont été offerts. Dans un emballage ni trop grand ni trop petit. Peut-être en remerciement de mes loyaux services (d’aide à la personne), ou dans l’expectative si humaine de quelque chose d’autre non défini.

Je les ai ramenés chez moi, et j’en ai pour plusieurs jours à leur faire honneur. Comme il se doit quand quelque chose nous est offert. Ils ne sont pas prestigieux, bien au contraire. S’ils l’avaient été, j’aurais été intimidée, voire gênée. Ne sachant que faire après : vite qu’ils disparaissent déjà en un reconnaissant souvenir ? Ou bien à l’inverse prolonger leur présence inopinée, choisir le bon moment à la mesure de leur qualité, ce qui m’aurait demandé de réfléchir. A trouver ce bon moment. Mais cela n’est pas nécessaire. La qualité médiocre implicitement me légitime alors d’en faire usage selon ma simple envie. Les transporter éventuellement d’un lieu à l’autre, devinant à l’avance à qui cela ferait plaisir de les partager en toute convivialité.

Leur composition a quelque chose de banal, qui s’associe et se fond aisément au quotidien. Et cela évoque une sensation diffuse et réconfortante de familiarité. Rassurante, même. Une saveur vaguement décevante, à l’image de la vie elle-même avec toutes ses nuances à la fois multiples et uniques, car insaisissables. Légèrement enivrante et frustrante. Alors, une à une, chaque consommation se transforme en une sorte de communion avec le commun du vivant. Un peu comme une Ostie démocratique. La saveur douce et un peu lourde me met en lien avec ma propre matière, également médiocre car banale.

Et c’est justement ce qui m’évoque et me ramène à la trame de la vie. Incertaine, déconcertante, mais universelle. Et cela me procure une sorte de simplicité intérieure et donc de bien-être, de joie même. Qui fait me sentir vivante, et reconnaissante de ce fait. Le sens prévaut sur la sensation. Le plaisir n’est pas dans la matière même de ce qui m’a été offert, mais l’état d’esprit qui a entouré le geste. Simple et généreux. Alors, contrairement à ce que l’on m’a par ailleurs suggéré du fait de leur médiocrité qui ne me vaudrait rien, je ne les ai pas jetés. Au contraire je les ai mangés un à un, avec un contentement simple et juste : Les chocolats pas très bons que l’on m’a offerts pour Noël…


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