Nous le petit peuple d’humbles humains, sommes malmenés depuis si longtemps… Exploités sous toutes les coutures et les couleurs, pour finalement être relégués dans les virtuelles et obscures profondeurs. Parce que notre force de travail n’intéresse plus, que nous sommes devenus trop nombreux et dérangeants ? 

Enfermés en une cage invisible, nous nous débattons mais personne ne nous entend derrière la paroi de verre. Noyés que nous sommes sous notre propre nombre grandissant. Manipulés et divisés pour nous retourner les uns contre les autres et être ainsi mieux dispersés et manipulables.

Quand la tension monte trop, les soporifiques images ou paroles de faux prophètes sont là pour nous divertir, perturber, détourner… de nous-même, nos désirs, notre vie, notre âme ! Et ainsi jour après jour nous dérivons dans ces flots infinis qui nous ballotent vers des rivages toujours plus improbables.

Mais nous le petit peuple d’humbles humains, nous sommes comme l’eau qui clapote et s’infiltre un peu partout. Quand bien-même les oppresseurs visibles et invisibles voudraient nous contenir en d’étanches compartiments, nous nous rejoignons en de sourdes rumeurs aquatiques. Des plus petits filets d’eau en fleuves tonitruants, nous nous amplifions et répandons vers une même direction océanique.

Après tant d’arides combats et de cœurs endurcis, nous aurions préféré être la brume qui pardonne et apaise, telle la main maternelle retrouvée. Car la nature de l’eau est d’être bonne et clémente. Mais s’il faut encore subir affronts et destructions, alors… de gouttelettes en vagues et en torrents, nous nous accroîtrons et déchaînerons en tempête des éléments.

Cela se fera au-delà de nous-même. Notre propre nature si longtemps continue et torturée se joindra à celle de la planète également meurtrie. Et ce seront d’abyssales et bibliques furies qui viendront se déverser et pulvériser toute cette cacophonique et mortifère civilisation créée par les monstres inhumains…


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